Les cousins oubliés

 

Version 3.7_page 06-51_novembre 2019

 

Tous de la même famille

 

Ce n’est pas si simple.

 

Dans les recensements des populations on voit revenir souvent les mêmes noms.

Selon certains ces noms sont uniques. Ils seraient « nés » au milieu du moyen âge, quand il est apparu nécessaire de distinguer les individus entre eux.

 

L’orthographe a parfois changé : Laé est devenu Lahaye, avec ou sans « le ». L’emploi de l’article « le » d’ailleurs a été figé tardivement. L’orthographe également.

 

Or on voit dans les BMS des déclarants homonymes, qui précisent, qu’ils sont non-parents. C'est probablement le cas de patronymes se référents  à des noms de lieux comme Daoulas, Keraudren, Kerjean, Menesguen.... Il doit en être de même pour ceux, qui désignent une région d'origine : breton, poitou, normand…

 

Il y a aussi des familles, qui se sont séparées très tôt.

 En effet, si on trouve peu de Laé dans la presqu’ile de Crozon, il y en a beaucoup dans le bas-Léon, d’où sont originaires Jean et François Laé, ce qui laisse penser à une seule et même famille à l’origine. Avec le temps elle s’est dispersée géographiquement. Les liens se sont distendus et ont fini par être oubliés.

 

On peut cependant se poser la question dans le cas de noms découlant directement de surnoms, comme Le Bihan, Le Braz, Le Le Du, Le Guen... ; ils  pourraient concerner des familles différentes. 

 

Tous de Telgruc

 

Les agents recenseurs, qui ont effectué le dénombrement de populations ont noté certaines années la commune d’origine. C’est ainsi qu’apparaissent dans les dénombrements de Roscanvel beaucoup de personnes originaires de Telgruc.

 

Quand en plus elles portent le même nom, il est légitime de se demander, s’il ne s’agit pas de la même famille.

 

 

Hervé Le Bihan

 

En reprenant dans le temps les dénombrements de population on voit apparaître deux familles Le Bihan à Roscanvel.

 

En 1911, dernier dénombrement accessible en ligne,  Yves Le Bihan (SOSA8) habite Le Gouerest.

 

La même année on trouve un certain  Hervé Le Bihan à Kermorvan, juste à côté.

 

En 1906 il est au bourg, où sa femme est qualifiée de cabaretière.

 

Par contre en 1901 il est au Lez chez ses beaux-parents : Jean Thomas et Corentine Le Gall.

 

Les villages du Gouerest et du Lez sont sur la route stratégique n°1 (nom porté sur les anciennes bornes Michelin),  qui traverse la presqu’ile pour aller du réduit de Quélern à la Pointe des Espagnols et que l’on voit nettement sur la carte de 1911.

 

Kermorvan est un peu à l’écart de cette route.

 

 

En remontant encore plus dans le temps on trouve, qu’Il y était déjà en 1876 et l’agent recenseur notait qu’il est né à Telgruc. Son fils, Jean Marie est également né à Telgruc,  le 21 novembre 1874, au village de Kerjean, qui est situé au nord-est de Kerferman. Ils sont donc arrivés à Roscanvel en 1875.

 

La légende voulait qu’Yves Le Bihan ait habité Le moulin du seigneur ; ce n’était pas le cas, puisque la ferme de la famille Capitaine était dans les premières maisons du Gouerest. 

 

Par contre Hervé y a peut être habité, car ce moulin, situé plus au sud, dépendait alors du village de Kermorvan et une confusion entre les deux familles est tout à fait probable.

 

 

Une noyade en 1886

 

Sur le site « crozon-bretagne.com » on trouve la relation d’une noyade, qui a eu lieu le 22 mars 1886 : il s’agit très vraisemblablement de Jean Alix et Hervé Le Bihan, le journaliste ayant écrit Alexis au lieu de Alix et oublié de noter le prénom de celui, qui s’en est tiré.

http://www.crozon-bretagne.com/histoire/ok/article.php?ID_hist=410

 

En effet, sur le dénombrement de 1881, les deux habitent le village du Lez, dans des maisons voisines et, selon les tables décennales, le décès d’un certain Jean Alix a bien été déclaré le 23 mars 1886.

 

Le lieu de la noyade : la grève des terres rouges, doit correspondre à la zone située au nord de Postermen, où il y avait une mine de fer. Le village du Lez est juste au dessus.

 

Il faut retourner à Telgruc

 

Pour y voir plus clair il faut retourner à Telgruc, où Hervé Le Bihan nait le 25 juin 1851, fils de Jean Marie Le Bihan et de Marie Michelle Gourmelen.

 

 Il épouse Marie Jeanne Thomas le 9 février 1873. Elle est âgée seulement de 16 ans (née le 5 janvier 1857). Elle est originaire du village de Penhoat Rosmadec, fille de Jean Marie Thomas et de Marie Corentine Le Gall.

 

Comme d’habitude, il manque souvent l’un des prénoms dans les documents, notamment Marie, et les âges donnés sont approximatifs, sauf quand on a la date de naissance bien évidemment.  De plus les nombreux remariages perturbent beaucoup le suivi.

 

Jean Marie Le Bihan, le grand frère

 

Lors du dénombrement de 1836 on trouve une certain Jean Marie Le Bihan, âgé de 32 ans, habitant chez Jean Mérour et Marie Fouest. C'est certainement le nôtre, car il y a peu de Le Bihan à Telgruc et l'âge correspond assez bien.


Jean Marie nait à Brest le 19 septembre 1805 (2ème jour complémentaire de l'an 13).

 

Sa mère, Marie Perrine Le Bihan,le confie à l’Hospice Civil de Brest.

 

C’est le grand frère de Prosper (SOSA16), car il y a peu de chances d’avoir deux enfants abandonnés de deux femmes différentes  portant le même nom et le même prénom.

 

Le 19 octobre 1836 Jean Marie Le Bihan épouse Marie Michelle Gourmelen âgée de 22 ans (née le 29 septembre 1814, fille d’Alain Gourmelen et de Margueritte Kerspern) ; elle est  veuve de Joseph Le Fouest (décédé le 25 octobre 1835).

 

Ils habitent alors Kerferman, village situé près de l’actuelle cidrerie de Rozavern.

 

Ce village est proche de Lintan, le village de Françoise Gourvez, que Prosper a épousée en 1841. Les deux frères étaient donc très proches.

On voit ainsi surgir des noms très répandus à Telgruc : Le Fouest, Kerspern. Pour le moment il est impossible de prouver qu’il s’agit de familles uniques, tant il y a d’homonymes. De plus les dénombrements ne remontent pas avant 1836, ce qui est insuffisant pour faire des regroupements.


Jean Marie Le Bihan décède à Kerferman le 4 juillet 1872.

 

Marie Perrine

 

Marie Perrine est originaire de Poullan, près de Douarnenez, où elle est née en avril 1777, fille de Hervé Le Bihan et Margueritte Le Bonisec. S'il y a beaucoup de Le Bihan à Poullan (marins, cultivateurs, meuniers, tailleurs...), il n'y a pas de Bonisec. Il y en a dans les villages voisins, mais aucune Marguerite, qui corresponde à l’épouse d’Hervé Le Bihan.  Marie Perrine décède à Landerneau le 26 février 1865.

Pour en savoir plus il faut attendre la mise en ligne de l'état-civil de Poullan.

A noter le prénom "Hervé" relativement peu utilisé dans les autres familles et que l'on retrouvera plus tard dans les deux branches.

Par ailleurs il risque d'y avoir eu une confusion avec d'autres patronymes à consonance proche comme Boënnec. Un essai de recoupement sera tenté dans une page du site Termaji (dans le site "TREGOUDAN").

 

 

Prosper Marie le Bihan, l'oncle

 

Il y a aussi un autre Prosper  Marie Le Bihan, fils aîné de Jean Marie.

 

 

Lors de sa naissance, le 18 septembre 1837, Prosper Le Bihan (SOSA16) est l’un des déclarants. Il est alors forgeron au bourg de Crozon. Sa présence confirme bien le lien de parenté et le fait que les deux frères se sont retrouvés.

 

Le 3 juin 1860 Prosper Marie épouse Barbe Stéphan du manoir de Kerdreux en Crozon, avec laquelle il a eu une fille, Marie Jeanne, en 1856. Barbe Stéphan  décèdera le 18 mai 1869 à Kerferman.

 

Il épouse ensuite  Catherine Thomas , mais la date du mariage n’est pas connue ( il manque une table décennale) et il n’est pas à Kerferman lors du dénombrement de 1872.

 

Par contre on le retrouve à Kerferman en 1876 avec Marie Michelle Gourmelen, sa mère, et Marie Jeanne, sa première fille.

Kerferman est donc le lieu où s’est fixée la branche aînée.


 

Que reste-t-il des descendants de Jean Marie Le Bihan ?

 

L’impossibilité de consulter en ligne les BMS les plus récents ne facilite pas la recherche.

 

La plupart des enfants d’Hervé Le Bihan sont morts jeunes. Il ne restait que des filles.

 

1911 est aussi l’année, à partir de laquelle les noms de jeune fille n’apparaissent plus.

 

Il est néanmoins curieux que je n’ai jamais entendu parler de ces cousins, qui habitaient le village voisin de celui de mes arrière-grands-parents.

 

La mise en ligne des BMS de Roscanvel permettra peut-être d’y voir un peu plus clair.

 

Y-aurait-il eu des filières ?

S’il n’a pas été démontré que les Thomas ou les Le Gall rencontrés dans les recherches sont de la même famille, il y a des présomptions.

 

Par exemple,  Anne Le Gall, qui habite le village de Kermorvan en 1876, juste avant l’arrivée d’Hervé Le Bihan, est aussi originaire de Telgruc. Une tante ou une cousine ?

 

De même on peut  raisonnablement penser que c’est Hervé Le Bihan, qui a fait venir son neveu, Yves, à Roscanvel. En effet Yves est toujours à Telgruc en 1881 et il est à Roscanvel en 1886, après avoir épousé Marie Louise Capitaine en 1884.

 

 

En résumé (pour s'y retrouver)

 

Perrine Le Bihan

Jean Marie

Prosper

Prosper

Hervé

Yves

 

 

Yves Marie

Hervé, Jean Marie

(et les autres)